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- 4 ans sans croissance, avant que tout s’accélère
4 ans sans croissance, avant que tout s’accélère
De 2016 à fin 2019, on a fait à peu près le même chiffre d’affaires tous les mois.
De 2016 à fin 2019, on a fait à peu près le même chiffre d’affaires tous les mois.
12 000 €. 17 000 €. Parfois 25 000.
Mais globalement, ça stagnait.
Pas de traction, pas de croissance, rien.
Et pourtant, je bossais déjà comme si on faisait 1 million.
Je me levais chaque jour avec l’idée qu’il allait se passer quelque chose.
Je bidouillais des visuels à l’arrache, je changeais de mannequins toutes les deux semaines,
je réécrivais les pages produits encore et encore,
je réinventaiss des accroches, je testais des idées absurdes à 2h du matin, je faisais des soldes en mars.
Je n’avais pas de graphiste, et moi-même j’étais loin d’en être un.
Mais j’avais 2 ou 3 sites que je considérais comme mes maîtres à penser : je regardais leurs fiches produits, leur structure, leurs typos,
et j’essayais de reproduire quelque chose d’approchant —
dans un Photoshop craqué, même pas sous abonnement.
Ça me prenait des heures. Ce n’était pas toujours beau, mais au moins, ça sortait.
On a fait toutes les erreurs possibles et imaginables.
On a participé à des concours pour jeunes marques qu’on ne gagnait jamais,
en pensant que peut-être un petit prix allait nous donner de la visibilité.
On a pris une agence de presse hors budget, persuadés qu’un article dans Grazia changerait notre destin.
Il ne s’est rien passé...
Et puis il y a cette histoire :
parce qu’elle me fait rire aujourd’hui, mais à l’époque j’y croyais.
Quand on faisait à peine 5 000 € par mois,
on a envoyé un mail à H&M pour leur proposer une collab.
On avait un peu embelli les chiffres, parlé de “plusieurs milliers de clientes” alors qu’on en avait 114 au total.
Évidemment, ils n’ont jamais répondu.
Mais c’était ça notre quotidien : oser. mentir un peu. espérer beaucoup.
Et en parallèle, il y avait le travail sur le produit.
Des tailles à revoir. Des tissus ratés.
Des shootings annulés parce que la lumière était mauvaise.
Des centaines de pièces qu’on lançait avec le peu de cash qu’on avait.
Et quand il n’y avait plus rien en caisse,
on a eu une idée de survie :
la précommande.
Pas parce que c’était tendance.
Mais parce que c’était notre seule option viable.
Pas de cash = pas de stock.
Pas de stock = pas de ventes.
Donc on a inversé l’ordre naturel :
on vend d’abord, on fabrique ensuite.
Mais un truc que je regardais, malgré tout.
Un seul indicateur.
Le retour sur investissement.
Je mettais 1 €.
Je voyais que ça rapportait 5 €.
C’était tout ce que j’avais besoin de savoir à ce moment-là.
Et j’étais littéralement obsédé par le chiffre d’affaires.
Je le consultais vingt fois par jour, sans exagérer.
J’étais capable, à 9h du matin, de prévoir quasiment à l’euro près ce qu’on allait faire à minuit.
Et cette obsession me rendait ultra-réactif :
je savais exactement quelle micro-chose modifier pour faire décoller une journée.
Alors j’ai fait quelque chose
J’ai pris un crédit de 50 000 €
Et j’ai tout mis sur Meta Ads, en un mois
Pas en test.
Pas en A/B.
Tout.
À ce moment-là, on était 4 dans l’équipe :
une styliste, une stagiaire, une personne au service client,
et une logistique en interne qui tournait comme elle pouvait.
On n’avait pas de dashboard ultra-ficelé, pas de P&L, pas de weekly meeting,
mais on avait l’instinct, et un chiffre : le ROAS.
Et il était bon.
Alors on y est allés.
Et en 4 semaines, on a fait ce qu’on n’avait pas réussi à faire en 4 ans.
Le chiffre d’affaires a explosé .. X5
Le trafic a suivi.
Le produit était prêt.
Le moment aussi.
Mais c’est là que tout commence, en réalité.
Parce qu’une fois qu’on a fait x5 en un mois,
il a fallu absorber le choc.
Répondre à l’afflux de commandes.
Gérer un SAV qui avait lui aussi fait x5.
Réorganiser toute la logistique (l’externaliser en 48h)
Former, recruter, déléguer.
Et c’est là qu’un entrepreneur doit être bon.
Pas juste dans l’idée, pas juste dans le shoot d’adrénaline,
mais dans le passage à l’échelle,
dans le bordel organisé,
dans cette ligne de crête entre débrouille et structure.
C’est ça qu’on ne raconte jamais.
Que le plus dur, ce n’est pas de rêver d’un décollage.
Le plus dur, c’est de rester debout pendant les 4 ans qui précèdent,
et encore plus quand il arrive enfin.